Pierre-Antoine Vettorello est un designer franco-ivoirien et chercheur français, actuellement en doctorat à la Sint-Lukas School of Arts d’Anvers. Son champ de recherche porte sur le rapport au vêtement et à la mode de la diaspora sénégalaise. Son corpus de recherche se compose d’archives datant des années 1939, à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à l’année 1966, marquée par le Festival International des arts nègres, il s’appuie également sur des entretiens et des témoignages de femmes utilisant la mode et le textile comme moyen d’expression. Ainsi, il remet en question la muséologie européenne de la mode et souligne la nécessité d’y inclure les vêtements créés par la diaspora.
En janvier 1939, dans un monde où le racisme, la négrophobie et l’antisémisme sont persistants, le député Galandou Diouf et sa femme Rabi Diop arrivent en France. Au-delà du côté politique, la majestueuse Rabi Diop fait parler : par ses vêtements, elle suscite la curiosité et l’admiration des journaux français. L’Afrique et ses couleurs choquent alors, font parler et peut-être narguent dans cette situation qu’est le chaos de 1939. Les sujets qui marquent principalement les journaux : la peau noire, les dents blanches et les couleurs vives. Oubliée dans les archives, Rabi Diop laisse une vive impression à la mode européenne. A travers l’utilisation du design textile et des vêtements comme base pour la narration, Pierre-Antoine Vettorello veut lui rendre hommage. Il cherche à restaurer la contribution des femmes noires dans la mode en créant des vêtements et des bijoux dont les qualités sont niées dans les musées.
En reconstituant les tenues vestimentaires de Rabi Diop à partir d’archives photographiques, Pierre-Antoine Vettorello crée des capsules temporelles capables de révéler des histoires vernaculaires et de raconter les modes parisienne et saint-louisienne passées.
