Au commencement, ce sont des ocres, de la terre brûlée qui colle aux visages et aux murs des maisons. Une poussière première, une majuscule, posée par le vent et la pluie. Cette couleur que l’on emporte quand on quitte son village. Sur ses premières toiles, qui datent d’une trentaine d’années, Olga Yaméogo parlait déjà de ce mouvement obligé. Le départ se répète en permanence. Il faut plonger dans ces ombres violentes, comme elle les peint en 2002. Des corps accrochés dans l’immense lumière, des toiles traversées de lignes barbelées. C’est d’exil qu’il est question et d’arrachement. De cette vision qui revient la nuit, par les songes et les peintures.
Après plus de trente ans de création en France, Olga Yaméogo a redécouvert, grâce à la galerie Véronique Rieffel, le plaisir de travailler en Afrique. En début d’année 2022, la galerie a organisé une résidence d’artiste à Mondoukou, en Côte d’Ivoire. Elle a été nourrie par cette expérience motivée par son désir de retour aux sources, et sa création s’en est trouvée bousculée et enrichie. Sa résidence à la Villa Saint-Louis Ndar au Sénégal soutient et complète ce travail de recherche et de création entamé à la Cocoteraie des arts. Elle souhaite, dans ce cadre, s’imprégner de rencontres, d’atmosphères, d’ambiances de la vie propre à Saint-Louis, faisant écho à celle de Grand Bassam, toutes deux ayant en commun la proximité de la mer et leur passé colonial.
Son travail s’articulant autour de l’humain, de l’identité, de la famille, de la mixité, de la migration, elle vient puiser dans cette ville sénégalaise une inspiration qui enrichit sa création. La restitution de son travail de création en résidence est inscrite dans le circuit d’exposition du Off saint-louisien de la biennale de Dakar, pour prolonger et donner du sens à ce moment de création vécue.