Pendant trois ans Marie-Cécile Crance a été enseignante d’éducation physique et sportive dans un collège de banlieue parisienne. Son action avec les élèves était prioritairement tournée vers les pratiques artistiques et venait prolonger les problématiques soulevées par un travail doctoral réalisé de 2009 à 2013 dans une perspective anthropologique. Elle a exercé ce métier à mi-temps pour pouvoir développer en parallèle une démarche personnelle à la croisée de la danse et du cinéma. Depuis septembre 2016, elle est en disponibilité de l’éducation nationale et essaie d’affirmer ce virage professionnel en direction de la création artistique et plus précisément de la réalisation de films documentaires.
Pour Marie-Cécile Crance, la ville de Saint-Louis, « Ndar », c’est le chant permanent de l’océan, des vagues qui s’écrasent contre la digue, le clapotis des eaux du fleuve, le vent qui s’engouffre dans les ruelles. C’est la frénésie du marché aux poissons, le retour bruyant de la pêche, le silence de l’après-midi, les rires ou les cris des enfants, l’appel des commerçants, le moteur des pirogues, les cloches des charrettes, le klaxon des taxis, le bêlement des moutons, le hennissement des chevaux.
C’est inspiré de ce tableau poétique de la ville que le film Ndar, les Fils de l’eau va naître. Il commence par mettre en lumière une rencontre entre une « toubab » et de jeunes talibés, rencontre d’abord étrange, intime, mitigée – mais une invitation vers un monde plus réel. Au fil du récit, cette rencontre prend plus d’épaisseur en rentrant progressivement dans l’intimité des enfants. Les étiquettes de « toubab » et de talibés, très prégnantes au début du film, s’estompent pour raconter la singularité de cette rencontre vagabonde entre ces enfants et la réalisatrice. Le film alterne entre des moments poétiques, qui nous plongeront dans le registre de l’enfance, empreints parfois de naïveté, et des moments très ancrés dans la dureté du quotidien de ces enfants.