Née à Paris en 1992, Férielle Doulain-Zouari vit et travaille à Tunis. À travers l’utilisation de techniques manuelles qui opèrent au présent, elle questionne les différentes cohabitations qui existent entre le monde naturel et l’artificiel. Elle interroge les manières de représenter matériellement la rencontre, la réconciliation et le dénouement de conflits (identitaire, contextuel…). En mai 2022, elle expose à la Biennale de Dakar et remporte le prix du ministère de la Culture du Sénégal.
Ses travaux prennent la forme d’installations, de sculptures et de tissages de différentes factures. Ils sont liés à la vie quotidienne, s’inspirent de l’environnement, des éléments qui l’entourent (matériaux industriels, objets fonctionnels, flore locale) et des systèmes de débrouille mis en œuvre au quotidien. Son atelier se déplace selon les opportunités rencontrées, y compris auprès d’artisans ouvriers. Dès lors, ses expérimentations sont réalisées en volume et elles incluent des éléments végétaux vivants : des plantes de la région sont insérées dans des sculptures et maintenues en vie par des techniques spécifiques.
Une histoire subjective de la nature se présente comme la quête intime pour mieux habiter le monde. Le projet de Férielle Doulain-Zouari est une manière de repenser le rôle de l’artiste dans la société et la symbolique de sa démarche dans ce contexte. Pour elle, l’artiste doit davantage s’engager dans des problèmes actuels, repenser la cohabitation sociale avant d’atteindre le point critique de basculement climatique. Cependant, sa démarche n’est pas frontale, elle s’abstient de prêcher l’ère de la rédemption du monde mais propose plutôt d’aller vers une prise de conscience générale à travers des méthodes inédites.
Le projet se compose de deux phases. Dans un premier temps, la recherche consiste à réaliser un archivage sonore et visuel. À travers des récits et des anecdotes, ainsi qu’une série de prises de vue, de la relation personnelle de plusieurs individus à leur environnement. Ces témoignages sont ensuite sondés pour en extraire des réalités intangibles. Cette matière constitue le point de départ de la deuxième phase du projet, menée à partir de ces mémoires enregistrées, dans le but de donner une forme matérielle à ces matières subjectives par le biais de l’épreuve artistique. Une série de sculptures éphémères donne forme aux récits et constitue le fragile témoignage de l’intimité qu’entretient chacun avec ce qui l’entoure. Ces « sculptures-récits » explorent manuellement et en volume la cohabitation des matières vivantes et des matériaux industrialisés.