À la fois danseuse, chorégraphe et docteure en sciences de l’éducation à l’Université de Bordeaux, Aurélie Doignon porte une attention au sensible dans la transmission, ainsi qu’aux rapports Nord-Sud étudiés à travers la chorégraphie. Issue d’une formation multi-disciplinaire (hip-hop, classique, modern-jazz, contemporaine, danses d’Afrique), Aurélie vit la danse comme une rencontre, dans laquelle chaque corps s’exprime selon son vécu, sa mémoire corporelle. Elle montre, comme en continuité avec ses travaux universitaires – sur la question de la « mise en savoirs » des danses africaines et des liens entre transposition d’une pratique culturelle et évolution de ses modes de diffusion, dans le cas du sabar au Sénégal et en France – , comment la danse peut être un outil politique, une expression dans laquelle genre, classe, origines peuvent s’interchanger.
Photographies tissées, maillages des corps : urbanité et sensorialités à Saint-Louis est un projet qui mêle la sensualité artistique et la logique scientifique. La démarche d’Aurélie Doignon est de collaborer, pour chacune de ces disciplines, avec des artistes et artisans locaux et d’articuler cette création avec un travail scientifique, fondé sur une approche ethnographique des métiers de Saint-Louis. Suivant cette double posture, elle s’attache à travailler des matériaux nobles, traditionnels, locaux et à les mettre en miroir avec des objets écologiques modernes.
L’artiste s’inspire du quotidien des Saint-Louisiennes pour travailler, par le geste dansé et par le tissage textile, un maillage de relations sociales et de mouvements quotidiens de la ville. La production finale est un spectacle de danse, dans lequel les autres médiums (textile, photographie, etc.) seront également mis à contribution. L’idée est de donner à voir une correspondance dans les frontières poreuses des arts et de l’artisanat.